25 juin 2008
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15:05
Un jour, mon coeur frappa
A celui d'une jeune fille qui lui ouvrit.
Cette damoiselle à la fière beauté accepta
Sans contrainte ce jet de feu
Que je lui administrais.
La tiédeur de sa bouche sereine
Vint fouetter mes lèvres,
Comme les vagues de l'Atlantique
Viennent se jeter contre les falaises.
Mon coeur alors, reçut ce dard amoureux
Qui le transperça de toutes parts.
Je compris que cet aiguillon
Se retirerait en laissant son poison.
Lorsque sa main en moi se glissait,
J'étais envahi des flammes des cieux.
Mais cette femme au savoir et aux gestes voluptueux,
Adorait me voir me consumer à petit feu.
Nos coeurs s'éjectèrent soudain de nos poitrines
Pour se réunir dans un coffret d'or inviolable.
Je constatais enfin le secret de son corps,
Jusque-là voilé d'une étoffe de soie cendrée.
Dieu qui l'eût vu comme moi, en fut fort surpris ;
Ce corps svelte et gracieux nous émerveilla.
Un corps comme celui-ci aurait donné espoir
A tout être admirant la beauté.
Je ne puis donc qu'essayer de décrire ce corps,
Car la description ne vaut certes pas la vision.
Ses cheveux étaient fins comme le satin,
Doux comme le velours,
Ondulés comme la marée.
Ses yeux verts étaient divins,
Je pus admirer des feuilles d'amandiers
Dans ces chandelles de flibustiers.
Ses cils longs et courbes
Ornaient magnifiquement ses yeux malicieux.
Ses sourcils égalisés et arqués
Tranchaient bien ce visage fin et allongé.
Cependant une face n'est pas faite
Que de cheveux, d'yeux et de cils.
Ce visage est parfait ?
Je ne crois pas,
Car la Sainte n'est pas sainte
Et la pomme verte n'est pas verte.
En effet, sur ce portrait si bien fait,
Il y a une chose mal dessinée.
Ce diable monté aux cieux
Ne put être que son nez.
Mais un oiseau ne pouvant être parfait,
On décrit seulement sa beauté.
Sous ce nez, un volcan rouge-rosé jaillissait
Bordé de deux lèvres merveilleusement aquarellées.
Cette bouche sensuelle attirait irrésistiblement
Le pôle de mes lèvres.
Vos lèvres, Madame, promettaient
Des Himalaya de bonheurs,
Des Niagara de plaisirs,
Des Shangaï d'espoirs,
Personne ne pourrait croire
Qu'elles amèneraient
Des continents de peines douloureuses.
Votre cou, paradis parfumé,
Où je délivrais toute ma volupté,
Volupté pure que mon esprit ne contrôlait.
Aussi, vous me demandiez de prendre congé.
Mais de mon âme
N'aurait pu se délivrer
De ce cou empli d'élixir ensorcelé.
Comme une araignée dissimulée dans sa toile,
De vos cheveux votre oreille se voile.
Faut-il en vain
Languir sur ce portrait ?
Hélas, je le crains.
Je faisais mon culte
Des sensations occultes
Que réclamait éperdument votre corps entier.
Cette femme, cette dame, cette jeune fille,
Cet enfant que vous étiez,
Je voyais en vous ma vie, ma destinée.
Soudain, cette porte claqua,
Voulait-on mon trépas ?
Avec regret, je m'aperçus
Que mes espoirs étaient perdus.
Ce portrait n'était en fait qu'un portrait !
Un portrait que j'aimais,
Une image,
Une image splendide
A qui j'avais donné inconsciemment la vie.
(1983) © Régis Batrel
A celui d'une jeune fille qui lui ouvrit.
Cette damoiselle à la fière beauté accepta
Sans contrainte ce jet de feu
Que je lui administrais.
La tiédeur de sa bouche sereine
Vint fouetter mes lèvres,
Comme les vagues de l'Atlantique
Viennent se jeter contre les falaises.
Mon coeur alors, reçut ce dard amoureux
Qui le transperça de toutes parts.
Je compris que cet aiguillon
Se retirerait en laissant son poison.
Lorsque sa main en moi se glissait,
J'étais envahi des flammes des cieux.
Mais cette femme au savoir et aux gestes voluptueux,
Adorait me voir me consumer à petit feu.
Nos coeurs s'éjectèrent soudain de nos poitrines
Pour se réunir dans un coffret d'or inviolable.
Je constatais enfin le secret de son corps,
Jusque-là voilé d'une étoffe de soie cendrée.
Dieu qui l'eût vu comme moi, en fut fort surpris ;
Ce corps svelte et gracieux nous émerveilla.
Un corps comme celui-ci aurait donné espoir
A tout être admirant la beauté.
Je ne puis donc qu'essayer de décrire ce corps,
Car la description ne vaut certes pas la vision.
Ses cheveux étaient fins comme le satin,
Doux comme le velours,
Ondulés comme la marée.
Ses yeux verts étaient divins,
Je pus admirer des feuilles d'amandiers
Dans ces chandelles de flibustiers.
Ses cils longs et courbes
Ornaient magnifiquement ses yeux malicieux.
Ses sourcils égalisés et arqués
Tranchaient bien ce visage fin et allongé.
Cependant une face n'est pas faite
Que de cheveux, d'yeux et de cils.
Ce visage est parfait ?
Je ne crois pas,
Car la Sainte n'est pas sainte
Et la pomme verte n'est pas verte.
En effet, sur ce portrait si bien fait,
Il y a une chose mal dessinée.
Ce diable monté aux cieux
Ne put être que son nez.
Mais un oiseau ne pouvant être parfait,
On décrit seulement sa beauté.
Sous ce nez, un volcan rouge-rosé jaillissait
Bordé de deux lèvres merveilleusement aquarellées.
Cette bouche sensuelle attirait irrésistiblement
Le pôle de mes lèvres.
Vos lèvres, Madame, promettaient
Des Himalaya de bonheurs,
Des Niagara de plaisirs,
Des Shangaï d'espoirs,
Personne ne pourrait croire
Qu'elles amèneraient
Des continents de peines douloureuses.
Votre cou, paradis parfumé,
Où je délivrais toute ma volupté,
Volupté pure que mon esprit ne contrôlait.
Aussi, vous me demandiez de prendre congé.
Mais de mon âme
N'aurait pu se délivrer
De ce cou empli d'élixir ensorcelé.
Comme une araignée dissimulée dans sa toile,
De vos cheveux votre oreille se voile.
Faut-il en vain
Languir sur ce portrait ?
Hélas, je le crains.
Je faisais mon culte
Des sensations occultes
Que réclamait éperdument votre corps entier.
Cette femme, cette dame, cette jeune fille,
Cet enfant que vous étiez,
Je voyais en vous ma vie, ma destinée.
Soudain, cette porte claqua,
Voulait-on mon trépas ?
Avec regret, je m'aperçus
Que mes espoirs étaient perdus.
Ce portrait n'était en fait qu'un portrait !
Un portrait que j'aimais,
Une image,
Une image splendide
A qui j'avais donné inconsciemment la vie.
(1983) © Régis Batrel