4 août 2008
1
04
/08
/août
/2008
16:41
La mésintelligence et la désunion
De deux êtres
Font souvent souffrir, à le rendre bête,
Le fruit de leur union.
J'avais prévenu cet enfant de deux ans
Que l'Avenir s'offrait à lui avec ses méchants ;
Mais je n'aurais jamais songé
Que ces malfaisants appartiendraient à sa parenté.
Tout commença par un déménagement :
Vivre à la campagne, espoir attendu depuis longtemps.
Air frais et sain pour un enfant,
Cour grandiose, idéale pour qu'il s'amuse gaiement ;
Verger garni pour sa gourmandise,
Lui donner un chien, puisque telle est sa hantise ;
Immense jardin pour lui cultiver des légumes vitaminés,
Elever un porc pour qu'il ait une viande non hormonée ;
Travailler à deux pour un bonheur céleste,
Lui offrir un paradis terrestre.
Cependant, les jours s'en vont, passants,
Et tout devient différent.
Le père perd son emploi, alcool aidant ;
La mère trouve un travail, déboire indulgent ;
Dettes non réglées, père buvant,
Mère se débattant ;
Au fil des jours, la roue tourne à l'envers,
Le Paradis devient Enfer,
L'espoir
Devient désespoir ;
La mère bosse, le père boit,
L'enfant voit.
La mère travaillant et à l'usine et au logis,
N'ayant pour récompense qu'un homme que l'alcool pourrit,
A de plus en plus, pour la vie, un mépris ;
Elle délaisse son linge petit à petit,
Puis ses obligations ménagères,
Puis ses devoirs culinaires,
Et enfin, et surtout, son enfant.
Quant au père, il y a déjà quelques temps
Qu'il a délaissé son moustique.
La situation devient critique :
L'atmosphère est lourd, irrespirable,
Le dialogue est contestable ;
L'ambiance est écrasante,
La flamme de la bougie est affolante ;
Les mots sont révoltants,
Les gestes sont éloquents ;
Les regards sont menaçants,
Le combat est endurant,
Avec pour arbitre, un garçon.
Le tableau est une immonde dérision.
La séparation est certaine,
De prime abord, ce sera la semaine prochaine.
Et l'enfant ! Que fera-t-on de ce bambin ?
On ne peut le diviser en lopins !
C'est mon enfant : dit le père.
C'est mon enfant : dit la mère.
La mère veut l'élever,
Elle seule, avec Amour et sérénité.
Le père acquiesce,
Et lui promet mille pièces.
La mère, ne désirant que le bien de son petit,
Quitte son travail par mépris.
Quelques temps plus tard, l'enfant est contraint à jeûner.
Il crève la dalle ! S'étonne de l'absence de déjeuner.
Rien n'est plus affreux que de voir
Un enfant crever de faim ; vous pouvez me croire !
Mon destin n'a pas toujours été heureux,
Mais je n'ai jamais été aussi malheureux
Que le jour où j'ai vu, puritain,
Mon filleul pleurer parce qu'il avait faim.
Je l'ai vu, impuissant, pendant près de trois mois,
Réclamer en pleurant son repas.
Impuissant, pourquoi ?
Parce que moi-même, je ne mangeais pas,
Et je ne pouvais malheureusement pas
Lui donner ce que je n'avais pas.
Je ne pouvais lui offrir que mon Amour,
Et de toutes mes forces, je lui délivrais toujours
Cet Amour qu'il attendait.
Heureusement, une généreuse fée
Vint en aide à ce malheureux enfant.
Elle l'habilla, le nourrit, l'aima follement ;
Sans demander quoi que ce soit aux indignes parents.
Cela fait sept mois maintenant
Que ce chérubin mange à sa guise
Et est entouré d'affection et de bises.
Mais rien, non rien, ne remplace les parents.
Ses parents, si on peut les appeler ainsi maintenant,
Ont seulement à aller le voir.
Mais non ! C'est encore trop ! Ils le laissent choir.
Ils le visitent une fois par semaine,
Ou toutes les deux semaines,
Ou moins encore.
Ils l'aiment : disent-ils. Peut-être qu'ils l'adorent ?
Moi, je dis : Non ! Ils s'en moquent !
Je leur en voudrais toute leur vie, qu'ils deviennent loques
Pour le mal qu'ils ont fait à cet innocent
Qui ne demande qu'à donner son Amour ardent.
Certains diront peut-être que je suis médisant,
Et je préférerais l'être, car malheureusement,
Tout ce que je viens d'écrire est concret,
Cette histoire est misérablement vraie.
Je me demande souvent ce que deviendra
Cet enfant si l'Avenir ne change pas.
Si seulement, ah ! Si seulement
J'avais de l'argent :
Je le gâterais comme aucun enfant ne l'a été,
Et surtout, comme lui ne l'a jamais été ;
Il goûterait enfin les plaisirs de la vie,
La misère passée deviendrait presqu'un oubli,
Je dis presque, car je pense qu'il a été commotionné
Par tout ce qu'il a subi durant cette fameuse année.
J'espère de tout mon coeur et de toute mon âme,
Que sa destinée est merveilleuse et sans entame,
Car en attendant, il souffre,
A en perdre le souffle.
Il ne souffre pas physiquement,
Mais certainement psychiquement.
Et moi, je ne puis, encore et toujours,
Que le voir souffrir sans pouvoir lui porter secours.
Mon seul devoir possible est de ne pas être sordide
Et demeurer serein et solide
Pour les insouciants
Que sont ces chers parents.
Je ne puis te donner
Mon cher Frédéric adoré,
Que mon Amour,
Serein Amour,
Que tu acceptes avec une telle tendresse
Que les larmes d'émotion qui emplissent mes yeux, deviennent une douce caresse.
Aussi cet attachement s'amplifie de jour en jour,
Et au fil des ans, vogue à l'infini, tel un prospère Amour.
Tu es beau,
Je t'aime Frédo.
(1983) © Régis Batrel
De deux êtres
Font souvent souffrir, à le rendre bête,
Le fruit de leur union.
J'avais prévenu cet enfant de deux ans
Que l'Avenir s'offrait à lui avec ses méchants ;
Mais je n'aurais jamais songé
Que ces malfaisants appartiendraient à sa parenté.
Tout commença par un déménagement :
Vivre à la campagne, espoir attendu depuis longtemps.
Air frais et sain pour un enfant,
Cour grandiose, idéale pour qu'il s'amuse gaiement ;
Verger garni pour sa gourmandise,
Lui donner un chien, puisque telle est sa hantise ;
Immense jardin pour lui cultiver des légumes vitaminés,
Elever un porc pour qu'il ait une viande non hormonée ;
Travailler à deux pour un bonheur céleste,
Lui offrir un paradis terrestre.
Cependant, les jours s'en vont, passants,
Et tout devient différent.
Le père perd son emploi, alcool aidant ;
La mère trouve un travail, déboire indulgent ;
Dettes non réglées, père buvant,
Mère se débattant ;
Au fil des jours, la roue tourne à l'envers,
Le Paradis devient Enfer,
L'espoir
Devient désespoir ;
La mère bosse, le père boit,
L'enfant voit.
La mère travaillant et à l'usine et au logis,
N'ayant pour récompense qu'un homme que l'alcool pourrit,
A de plus en plus, pour la vie, un mépris ;
Elle délaisse son linge petit à petit,
Puis ses obligations ménagères,
Puis ses devoirs culinaires,
Et enfin, et surtout, son enfant.
Quant au père, il y a déjà quelques temps
Qu'il a délaissé son moustique.
La situation devient critique :
L'atmosphère est lourd, irrespirable,
Le dialogue est contestable ;
L'ambiance est écrasante,
La flamme de la bougie est affolante ;
Les mots sont révoltants,
Les gestes sont éloquents ;
Les regards sont menaçants,
Le combat est endurant,
Avec pour arbitre, un garçon.
Le tableau est une immonde dérision.
La séparation est certaine,
De prime abord, ce sera la semaine prochaine.
Et l'enfant ! Que fera-t-on de ce bambin ?
On ne peut le diviser en lopins !
C'est mon enfant : dit le père.
C'est mon enfant : dit la mère.
La mère veut l'élever,
Elle seule, avec Amour et sérénité.
Le père acquiesce,
Et lui promet mille pièces.
La mère, ne désirant que le bien de son petit,
Quitte son travail par mépris.
Quelques temps plus tard, l'enfant est contraint à jeûner.
Il crève la dalle ! S'étonne de l'absence de déjeuner.
Rien n'est plus affreux que de voir
Un enfant crever de faim ; vous pouvez me croire !
Mon destin n'a pas toujours été heureux,
Mais je n'ai jamais été aussi malheureux
Que le jour où j'ai vu, puritain,
Mon filleul pleurer parce qu'il avait faim.
Je l'ai vu, impuissant, pendant près de trois mois,
Réclamer en pleurant son repas.
Impuissant, pourquoi ?
Parce que moi-même, je ne mangeais pas,
Et je ne pouvais malheureusement pas
Lui donner ce que je n'avais pas.
Je ne pouvais lui offrir que mon Amour,
Et de toutes mes forces, je lui délivrais toujours
Cet Amour qu'il attendait.
Heureusement, une généreuse fée
Vint en aide à ce malheureux enfant.
Elle l'habilla, le nourrit, l'aima follement ;
Sans demander quoi que ce soit aux indignes parents.
Cela fait sept mois maintenant
Que ce chérubin mange à sa guise
Et est entouré d'affection et de bises.
Mais rien, non rien, ne remplace les parents.
Ses parents, si on peut les appeler ainsi maintenant,
Ont seulement à aller le voir.
Mais non ! C'est encore trop ! Ils le laissent choir.
Ils le visitent une fois par semaine,
Ou toutes les deux semaines,
Ou moins encore.
Ils l'aiment : disent-ils. Peut-être qu'ils l'adorent ?
Moi, je dis : Non ! Ils s'en moquent !
Je leur en voudrais toute leur vie, qu'ils deviennent loques
Pour le mal qu'ils ont fait à cet innocent
Qui ne demande qu'à donner son Amour ardent.
Certains diront peut-être que je suis médisant,
Et je préférerais l'être, car malheureusement,
Tout ce que je viens d'écrire est concret,
Cette histoire est misérablement vraie.
Je me demande souvent ce que deviendra
Cet enfant si l'Avenir ne change pas.
Si seulement, ah ! Si seulement
J'avais de l'argent :
Je le gâterais comme aucun enfant ne l'a été,
Et surtout, comme lui ne l'a jamais été ;
Il goûterait enfin les plaisirs de la vie,
La misère passée deviendrait presqu'un oubli,
Je dis presque, car je pense qu'il a été commotionné
Par tout ce qu'il a subi durant cette fameuse année.
J'espère de tout mon coeur et de toute mon âme,
Que sa destinée est merveilleuse et sans entame,
Car en attendant, il souffre,
A en perdre le souffle.
Il ne souffre pas physiquement,
Mais certainement psychiquement.
Et moi, je ne puis, encore et toujours,
Que le voir souffrir sans pouvoir lui porter secours.
Mon seul devoir possible est de ne pas être sordide
Et demeurer serein et solide
Pour les insouciants
Que sont ces chers parents.
Je ne puis te donner
Mon cher Frédéric adoré,
Que mon Amour,
Serein Amour,
Que tu acceptes avec une telle tendresse
Que les larmes d'émotion qui emplissent mes yeux, deviennent une douce caresse.
Aussi cet attachement s'amplifie de jour en jour,
Et au fil des ans, vogue à l'infini, tel un prospère Amour.
Tu es beau,
Je t'aime Frédo.
(1983) © Régis Batrel