Rien ne sert de gémir ; il faut voir plus loin :
Le lièvre et la tortue en sont l'image.
Parions, dit celle-ci, que vous ne tiendrez point
Aussi longtemps en rut. - Sitôt ! Etes-vous sauvage ?
Répondit le lièvre vexé :
Ma crâneuse, il ne faut vous fier,
J'ai en moi mille trésors.
- Sauvage ou non, je vous défie encore.
Ainsi fut dit ; et en ce lieu
On plaça un douillet pieu.
Savoir comment, on se moque de l'air,
Ni de quelle position l'on convint.
Le lièvre était vraiment un expert ;
Evidemment, vu sa notoriété, on peut être certain,
Qu'il ferait le malin, qu'il en redemande,
Et rusé, attendrait qu'elle quémande.
Ayant, dis-je, même du temps pour la brouter,
Pour se languir, et pour exposer
Son arrogance, il laisse la tortue
Prendre son lent ascenseur.
Elle gémit, elle s'évertue ;
Elle se mue avec candeur.
Lui, en revanche, se moque d'une telle gloire,
Tient ce défi à peu de gloire,
Se persuade qu'il y va de son honneur
De prendre son temps. Il broute, il se repose :
Il pense à tout autre chose
Qu'au final. Vers la fin, quand il vit
Que l'autre n'arrivait pas en hautes sphères,
Il tenta de se retenir ; mais les efforts qu'il fit
Furent vains : la tortue reste froide comme un cimetière.
Alors ! lui dit-elle, n'avais-je pas raison ?
A quoi vous sert cette vitesse ?
Moi, jouir en premier ! Voyez votre liesse,
Vous ne m'avez amenée au diapason !
(11/2008) © Régis Batrel
Avec mes excuses à Jean de La Fontaine...
Parodie respectant rimes et césures.