Au travail, toute la journée, humilié,
Ce soir, plusieurs apéro, pour oublier ;
De la bière et du vin pour le dîner,
Réflexion de femme, un peu désabusée :
"Arrête de boire, ça va rien changer !"
Violences verbales, le ton est monté,
Enervements incontrôlés : attention, danger !
Verre de vin au visage lancé,
A juste titre révoltée, l'envoie balader ;
Outragé de ces verbes prononcés,
Il se lève, et se permet de la gifler...
Lèvre ouverte, et nez en sang,
Larme à l'oeil, devant les enfants,
Elle éponge son humiliation,
Rien ne sert d'augmenter la pression !
Au matin, enivrement envolé,
Il s'excuse de ce geste donné ;
Lui explique ses mots déplacés,
Réussit à la faire culpabiliser ;
Lui jure de ne jamais recommencer,
Puisqu'elle l'aime, elle doit pardonner...
Elle se dit que s'il a dérapé,
Elle est coupable, elle l'a provoqué ;
De jour en jour, son cerveau, il va vider,
Lui rappelant ses erreurs passées ;
Amoureuse et fragile, il l'a ensorcelée,
Craintive aussi de cette violence portée...
Elle est sa proie, et lui l'araignée,
Dans sa toile, elle sera ligotée ;
Malgré les coups de plus en plus rapprochés,
Elle ne peut se résoudre à le désaimer...
Elle ne travaille pas, craint la précarité,
Ses enfants, elle ne veut les mettre en danger ;
Plaintes, elle ne saurait déposer,
D'ailleurs, tout ça, ne l'a-t-elle pas chercher ?
Lui prend goût à sa supériorité,
Dans son ventre, de terribles coups de pied ;
Un acide coule dans ses entrailles,
Mais elle s'effraie de représailles ;
De ce monstre et de honte, elle est prisonnière,
Elle vit recluse, silencieuse, dans son enfer...
Elle se ment, et ment à son entourage,
Annonce une vie familiale heureuse, et sans ombrage.
Jusqu'au jour où un coup trop violent
La libère de tous ses tourments ;
Elle qui voulait protéger ses enfants,
Les conduit aujourd'hui vers le néant...
Père en prison, infime condamnation,
Mère disparue, sans objection !
Aucun être n'a le droit de coups porter,
Quelques soient les raisons, et son passé !
Il faut aussi que nos lois soient révisées
Pour que dès qu'une main courante est déposée,
Elle ne reste pas sans effet,
Et que le coupable soit condamné !
Si la victime était mieux épaulée,
Elle ne craindrait point la précarité,
Et hésiterait moins son bourreau quitter,
Pour, avec ses enfants, vivre en toute sérénité !
(11/2008) © Régis Batrel