9 janvier 2009
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Je me promenai au bois, nonchalant,
Humai, fouinai, les yeux perçants,
Quand, derrière un bosquet, sifflotant,
J'aperçus un chaperon rouge charmant...
La Belle, à l'allure guillerette,
Panier à la main, était en quête
De girolles, chanterelles et bolets,
Pour son omelette du soir préparer...
Mon instinct animal se mit en marche,
Il s'érigea bien plus haut qu'une arche,
Je bondis sur son dos par surprise,
Ce soir, je la dégusterai à ma guise...
La fragile silhouette devint une panthère,
Elle se débattait, était entrée en guerre ;
Roulé-boulé, gifles et coups de pied,
Avec sa colère, sa force s'était décuplée !
Au bout d'efforts violents, je l'immobilise,
Ma faim de loup la paralyse ;
Elle rend les armes, abandonnée,
Se résigne, enfin, à être mon dîner...
Epuisée, je la retourne aisément,
Son visage diaphane est déroutant !
Ses yeux amande emplis d'humidité
Semblent implorer ma peu probable pitié...
Je suis un loup, un prédateur sans coeur,
Il me faut la croquer : sinon je meure !
Elle me fixe du regard, intensément,
Ne crie pas, attend son dernier instant...
Elle me susurre au creux de l'oreille :
"Un loup aimerait-il laper mes merveilles ?"
Sa voix douce révèle en moi des envies,
Mes poils se dressent : vais-je changer d'avis ?
Son sourire éclaire mes grands yeux noirs,
Elle sent déjà sur son ventre mon perchoir ;
Elle a joué de tant de sensualité,
Comment à tous ces charmes résister ?
Mon haleine fétide ne semble pas la gêner,
Elle m'embrasse tendrement, très obstinée !
Je relâche mon étreinte : c'est mérité,
Son corps se tortille : je vais exploser...
Un coup de fusil vint ce silence briser,
Un chasseur, ainsi, m'a la queue coupée !
Le chaperon, cette fois, a gagné la partie,
Comme un fou, en hurlant, je me suis enfui...
Chaque jour, chaque nuit, je reviens en forêt,
Guette, épie, furète... pour la retrouver ;
Aujourd'hui, ma meute a une interdiction :
Jamais on ne doit s'en prendre à un chaperon !
(01/2009) © Régis Batrel