24 avril 2009
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Avide de nectar, en cet été ensoleillé,
L'Abeille virevoltait dans un vert pré ;
Dame Coccinelle, sur une tige agrippée,
Se dégustait des pucerons bien gringalets...
Aimantée par une fragrance extraordinaire,
La première se mit en vol stationnaire ;
La seconde, de ce bruit, perturbée,
Lui tint ce langage, à peine gênée :
" Ne pouvez-vous point aller butiner ailleurs ?
Vos battements d'ailes sont pires qu'un moteur ! "
L'insecte volant, continuant son vacarme,
Lui répondit ceci, sans état d'âme :
" Si vous estimez que mon vol n'est silencieux,
Quittez cette fleur, bête cruelle à bon Dieu ! "
" Bête cruelle ? ", lui rétorqua la Coccinelle,
" Régime totalitaire chez vous : c'est naturel ? "
" Toutes vos ouvrières meurent à la tâche,
Tout individu improductif est éliminé sans tâche,
De vos mâles inutiles, on se détache,
Et on assassine les Reines avec panache ! "
" Ne vous déplaise, ainsi nous sommes structurées,
Mais, contrairement à vous, nous ne saurions dévorer
150 pucerons, cochenilles ou acariens...
Dans notre ruche, gelée royale ou miel en festin ! "
Il va s'en dire que la jolie bête à bon Dieu
N'ira, de sa gloutonnerie, vers les cieux ;
Mais que la butineuse, à la politique dictatoriale,
Ne saurait descendre en enfer, avec sa divine gelée royale !
(04/2009) © Régis Batrel