Sa plume plonge dans l'acide à la vue de ses maux,
Elle perfore le vélin, griffe d'indélébiles noirs mots ;
Sa plume pleure son sang de son monde sans espoir,
Elle déchire le parchemin, ne broie plus que du noir...
Sa plume se plaint de ce soleil trop radieux,
Il constraste trop avec son esprit malheureux ;
Sa plume déserte les habituels vers romantiques,
Elle ne sait plus jouer de sa baguette magique...
Sa plume réclame les bras de Dame Faucheuse,
Elle la prie de la bercer, sombre destinée bienheureuse ;
Sa plume titube, maladroite, en pensées cyniques,
Elle affiche, dénudée, ses appels pathétiques...
Sa plume se noie, épuisée de longs combats,
Sans bouée, ni tuba, elle épouse son trépas ;
Sa plume s'abandonne au fond de l'encrier,
Elle meurt, incomprise, trop souvent souillée.
(06/2010) © Régis Batrel