17 décembre 2009
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On lui reprochait de ne l'avoir jamais fait,
Qu'à son âge, il fallait connaître ces effets ;
Lui, ne voyait aucun intérêt de rétribuer,
Mais ces potes ne cessaient de lui ressasser...
A Pigalle, une nuit, il se lança à l'aventure,
Elles étaient là, des jeunes, et des plus mûres ;
D'apparences vulgaires, et pas très jolies,
Il s'interrogeait sur leurs plaisirs, leurs vies...
Quitte à sortir, malgré tout, quelques billets,
Il arpenta le trottoir, pas très bien éclairé ;
Après de très longues minutes, apparut un Fée,
Il se rua sur elle, et se mit à vanter sa beauté...
La femme d'expérience rompit son baratin,
Lui dit qu'elle n'avait, ici, qu'un rôle de putain ;
Il la suivit dans une impasse glauque,
Gorge serrée, sa voix devenait rauque...
Sa chambre nue n'avait pour déco
Qu'un lit, une armoire, et un lavabo ;
Elle lui pria d'abord, son sexe, laver,
Puis, sur celui-ci, un préservatif, enfiler...
Sa crinière brune cachait ses jolis yeux,
Ses seins généreux s'offraient, merveilleux ;
Son visage d'Ange ne faisait que trop contraster
Avec ses directives, et sa voix assurée...
Sa bouche entoura son membre caoutchouté,
Sa toison ondulée naviguait sur son torse musclé ;
Ses mains voguaient sur chaque millimètre carré,
Elle délivrait son délicieux savoir expérimenté...
Pauvre de lui, venu chercher du romantisme,
Il ne ressentait que tristes mécanismes ;
Il tenta d'y percevoir un soupçon de sensualité,
Son âme n'y retint que ressac de vulgarité...
Malgré le professionnalisme de la femme de joie,
Son esprit et son corps n'avaient plus la foi ;
Il lui demanda d'interrompre ses prestations,
Sachant que son obélisque ne serait en pleine tension...
Ses honoraires furent déposés près du chevet,
Il remercia la femme de rue, avec respect ;
Il constata ainsi que, pour lui, l'Amour payé,
Ne serait jamais, ni son bol de riz, ni sa tasse de thé.
(12/2009) © Régis Batrel